Hora fugit - Un peu de Paris
Selon la mythologie grecque, Méduse transformait en pierre tous ceux qui avaient le malheur de la regarder. Aussi, sculptée sur un bouclier, on lui prêtait le pouvoir d’effrayer les ennemis et représentée sur un vantail de porte, celui de défendre la maison contre les intrus.
Lorsqu’il écrivit la biographie de cet animal politique que fut Fouché, l’écrivain Stefan Zweig écrivit : « Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l'ivresse de la domination et du commandement, ne peut plus s'en passer. »
" Qu’on imagine un poisson qui est un spectre, et qui a une figure d’homme. Pour en finir avec lui, il faudrait l’exorciser, ou le pêcher. En attendant, il est sinistre. Rien n’est moins rassurant que de l’apercevoir. On entrevoit, au-dessus des lames et des houles, derrière les épaisseurs de la brume, un linéament qui est un être; un front bas, un nez camard, des oreilles plates, une bouche démesurée où il manque des dents, un rictus glauque, des sourcils en chevrons, et de gros yeux gais. Il est rouge quand l’éclair est livide, et blafard quand l’éclair est pourpre. Il a une barbe ruisselante et rigide qui s’étale, coupée carrément, sur une membrane en forme de pèlerine, laquelle est ornée de quatorze coquilles, sept par devant et sept par derrière. Ces coquilles sont extraordinaires pour ceux qui se connaissent en coquilles. Le Roi des Auxcriniers n’est visible que dans la mer violente." Les Travailleurs de la mer - Victor Hugo
Les bateaux mouches aux environs de 1900 n’étaient alors utilisés que comme simples bateaux-omnibus. Fabriqués à Lyon, dans le quartier de la Mouche, ils étaient déjà en service depuis 1862. Ils firent leur apparition à Paris lors de l’exposition universelle de 1897. Les trente bateaux commandés à cette occasion furent acheminés par voie fluviale jusqu’à la Seine, en suivant la Saône, le canal de Bourgogne et l’Yonne.
Mais celui qui fit mouche est un certain Jean Bruel qui après la seconde guerre mondiale eut l’idée de racheter un des derniers exemplaires datant de l’exposition universelle, de déposer la marque Bateaux-Mouches et de faire visiter Paris par la Seine ; au passage, il monta un canular en faisant croire que le fondateur des bateaux était un certain Jean-Sébastien Mouche !
Mon arrière grand-père auvergnat, contraint de s'installer à Paris en 1900, est peut-être venu se restaurer au Mouton d’Auvergne en compagnie de compatriotes en mal de pays. Peut-être a-t-il même croisé Atget au détour de ses déambulations dans le Paris de cette époque. Que servait-on dans cette maison ? Des tripoux accompagnés de truffade ? Un filet d’agneau en croûte de Saint-Nectaire pour un repas de noces ? Un haricot de mouton à l’ancienne (c’est-à-dire sans haricots, mais cuit avec des légumes et des oignons) ? Un gigot brayaude (gigot de sept heures) au moment de Pâques ? De la tomme de brebis d'Auvergne en dessert ? ou simplement du jambon et du saucisson du pays ?
Le pas de la mule était un marchepied permettant de monter à cheval. On peut encore voir le dernier pas de mule dans la deuxième courette de la Cour de Rohan située dans le 6éme arrondissement (si on a la chance d’y pouvoir entrer).
Liberté !
De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages ?
De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux sources, à
l'aurore, à la nuée, aux vents ?
De quel droit volez-vous la vie à des vivants ?
Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
Ne peux-tu vivre heureux et content sans cela ?
Qu'est-ce qu'ils ont donc fait tous ces innocents-là
Pour être au bagne avec leur nid et leur femelle ?
La légende des siècles
- Victor Hugo
Plutôt que d’ours, il faudrait plutôt parler d’oie car le nom de la rue vient d’une déformation populaire du vieux français. Autrefois, la rue s’appelait la rue aux oues, c’est-à-dire aux oies, en référence aux nombreux rôtisseurs installés dans cette rue …
Et soudain, un grand cri sort de la gorge du pauvre paon en un chant déchirant: LEON ! LEON ! Veut-il dire LION ! LION !!! ??
"Il était posé devant sa porte, à moins de vingt centimètres du seuil, dans la lueur blafarde du petit matin qui filtrait par la fenêtre. Il avait ses pattes rouges et crochues plantées sur le carrelage sang de bœuf du couloir, et son plumage lisse était d un gris de plomb : le pigeon. Il avait penché sa tête de côté et fixait Jonathan de son œil gauche. Cet œil, un petit disque rond, brun avec un point noir au centre, était effrayant à voir. Il était fixé comme un bouton cousu sur le plumage de la tête, il était dépourvu de cils et de sourcils, il était tout nu et impudemment tourné vers l' extérieur, et monstrueusement ouvert ; mais en même temps il y avait là, dans cet œil, une sorte de sournoiserie retenue ; et, en même temps encore, il ne semblait être ni sournois, ni ouvert, mais tout simplement sans vie, comme l' objectif d une caméra qui avale toute lumière extérieure et ne laisse passer aucun rayon en provenance de son intérieur. Il n y avait pas d' éclat, pas de lueur dans cet œil, pas la moindre étincelle de vie."
Extrait - Le Pigeon – Patrick Süskind
« Une barre de soleil, tombant du haut vitrage de la rue couverte, vint allumer ces couleurs précieuses, lavées et attendries par la vague, irisées et fondues dans les tons de chair des coquillages, l’opale des merlans, la nacre des maquereaux, l’or des rougets, la robe lamée des harengs, les grandes pièces d’argenterie des saumons. »
Le ventre de Paris - Zola
Les miséricordes, ces petites consoles placées au dessous des stalles, pouvaient représenter des scènes du quotidien.
Les stalles de l’église
Saint-Protais Saint-Gervais qui datent du 16ème siècle sont remarquables. Leurs accoudoirs sont formés de têtes d'animaux, d'hommes et de monstres aux pattes griffues. Leurs miséricordes représentent des
métiers, boulanger, cordonnier ... des scènes pittoresques comme celle d'un homme rejoignant une femme dans son bain ... ou animalières comme celle de ce porc sanglier en train de manger.
Le nom de la rue vient d’une enseigne du « Renard qui prêche aux poules » qui existait au XVIème
siècle … comme quoi la politique n’a pas changé au fil des siècles …
La vieille maison du XVIème siècle, située au n° 34, a disparu, la rue se termine à présent
au n°28 (au coin de la rue Simon-le-Franc), là où commence la rue Beaubourg.
Mais les renards eux n’ont pas disparu et continuent à prêcher aux poules ...
C'est un animal sans formes, robuste entre tous, muscles pour les trois quarts, et, dans son extérieur entièrement, qui a partout près d'un pied d'épaisseur.
Tous les rochers, même
lisses, il est en mesure de les escalader.
Cette peau si amorphe devient crampons.
Aucun animal ne l'attaque; trop haut sur terre pour qu'un rhinocéros puisse l'écraser, plutôt, lui le culbuterait, n'y ayant que
la vitesse qui lui manque.
Les tigres s'y casseraient les griffes sans l'entamer et enfin même une puce ou un taon, un cobra n'y trouve pas un endroit sensible.
L‘émanglom – Henri Michaux
Si François 1er fit construire un hôtel pour sa maîtresse, la duchesse d’Etampes, au n° 20 de la rue de l’Hirondelle, la maison actuelle n’est pas plus ancienne que le 18ème siècle. Les salamandres sculptées que l’on voit dans la cour et au dessus de la porte d’entrée datent de 1788, année de construction de l’hôtel de la Salamandre qui garda en souvenir les armes de François 1er.
Les loups fuyaient de peur quand il s’approchait d’eux,
Tant le monstre effaré, s’il grognait dans sa joie,
Semblait effrayant, même à des bêtes de proie.
Il vivait là, pensif. Lorsque venait la nuit,
Terrible, emplissant l’air d’épouvante et de bruit
Et cassant les lauriers au pied des monts sublimes,
Il allait dans le bois déchirer ses victimes ;
Puis il rentrait dans l’antre, auprès des flots dormants.
Couché sur la chair morte et sur les ossements,
Il mangeait, la narine ouverte et dilatée,
Et s’étendait parmi la boue ensanglantée.
Le Sanglier – Théodore de Banville
On peut voir la statue réalisée par Foggini en 1665 au Louvre.
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
...
Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.
Le Serpent qui danse – Baudelaire
Songe-t-il que, parmi ses frères forestiers,
Alors qu'un chaud soleil descendait des cieux calmes,
Repu du lait des noix et couché sur les palmes,
Il s'endormait heureux dans ses frais cocotiers,
Avant qu'un grand navire, allant vers des mers froides,
L'emportât au milieu des clameurs des marins,
Pour qu'un jour, dans le vent, qui lui mordît les reins,
La toile, au long des mâts, glaçât
ses membres roides ?
Extrait La mort du singe – Anatole France
Dans le Jardin Royal ou l'on voit les statues,
Une Chimère antique entre toutes me plait ;
Elle pousse en avant deux mamelles pointues,
Dont le marbre veiné semble gonflé de lait ;
Son visage de
femme est le plus beau du monde ;
Son col est si charnu que vous l'embrasseriez ;
Mais quand on fait le tour, on voit sa croupe ronde,
On s'aperçoit qu'elle a des griffes à ses pieds.
Le Sphinx – Théophile Gautier
Le Sphinx, créature hybride, à la fois femme, lion et aigle, qui selon la légende pose des questions mais n’y répond pas. Image qui renvoie à celles de la connaissance et du sens de l’observation, qualités essentielles pour un herboriste dont le magasin a été photographié par Atget …
Les quatre évangélistes, Luc, Jean, Matthieu et Marc sont souvent représentés sous une apparence symbolique munie d’ailes.
Luc est représenté sous la forme d’un taureau, animal sacrificiel car l’évangile selon Saint-Luc commence par l’annonce d’un fils à Zacharie, sacrificateur au temple.
Je suis tortue et je suis belle,
Il ne me manque que des ailes
Pour imiter les hirondelles,
Que ? Que ?
Mon élégant corset d’écailles
Sans boutons,
sans vernis, ni mailles
Est exactement à ma taille.
Ni ? Ni ?
La Tortue – Robert Desnos
L’enseigne sculptée photographiée par Atget est si ancienne que l’on a du mal à discerner la truie qui tient une quenouille, tout en allaitant ses petits. Bien qu’il y en ait eut plusieurs exemplaires connus dans Paris depuis le moyen-âge, on a perdu au fil des siècles la réelle signification et l’intention de cette enseigne. Une autre représentation de la truie qui file vient d’être restaurée au Musée Carnavalet.
Ce marché aux Veaux, supprimé en 1855 avait été construit à la fin du XVIIIème siècle sur l’emplacement d’une partie des jardins du vaste couvent des Bernardins dont il ne subsiste plus aujourd’hui que le réfectoire et la sacristie. A l’emplacement du marché s’ouvre la rue Cochin qui relie les rues de Pontoise et de Poissy ouvertes en même temps que la halle et ainsi baptisées en l’honneur de ces deux villes qui fournissaient à cette époque des veaux dont la viande était fort estimée.
« Il y avait aussi, tombant de la barre, … des lapins à l’échine grise, tachée par le bouquet de poils blancs de la queue retroussée, et dont la tête, aux dents aigües, aux yeux troubles, riait d’un rire de bête morte. Sur la table d’étalage, des poulets plumés montraient leur poitrine charnue, tendues par l’arête du bréchet. »
Le Ventre de Paris – Zola
Tous droits réservés - Année 2020 - Auteur texte et photos Paris d'aujourd'hui : Martine Combes
Derniers commentaires
10.05 | 08:35
C'est à nouveau un merveilleux voyage du Palais Royal à la Butte Montmartre... Merci Martine pour ces belles découvertes!
23.04 | 14:31
I hope I will have the time to run the course next weekend when im in Paris as a turist from denmark
23.01 | 16:26
L'enseigne de la Galerie du Chat était au 27, rue de Bièvre, magasin d'articles ayant pour thème le chat. L'enseigne a disparu depuis que le magasin a
déménagé au 68, bv de Port Royal.
23.01 | 13:39
Bonjour, je suis a la recherche de la rue de l´enseigne "la galerie du chat". Est-ce une galerie ou un restaurant-café ? L´enseigne correspond-elle a un lieu encore existant ? Merci à l´avance . Ma
Texte / Photos : Martine Combes
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