Hora fugit - Un peu de Paris
Si vous évoquez Chinatown en parlant de Paris, on pensera immanquablement que vous voulez parler du treizième arrondissement. Cependant, sans vouloir trop chinoiser, l’influence de la Petite Asie du treizième est essentiellement indochinoise, mis à part le fait que la majorité des réfugiés du Sud-est asiatique venus à Paris dès les années 1975 étaient d’origine chinoise. Dans ce quartier des Arts et Métiers, au nord du Marais, les membres de l’importante communauté chinoise sont d’origine Wenzhou, d’une province du sud de Shanghai.
Leurs aïeux vinrent en France lors de la Première Guerre mondiale, lorsqu’il fallait des bras pour les chantiers et les usines délaissés par les hommes partis au front. Le ministère du travail français de l’époque n’hésita pas à aller très loin dans la délocalisation inversée et recruta ainsi des travailleurs civils chinois volontaires. Une fois la guerre finie, certains repartirent ; d’autres restèrent en France pour participer à la reconstruction des voies ferrées et des routes. Ou comme le retrace Pierre Lemaitre dans Au revoir là haut, ils furent aussi employés à nettoyer les champs de bataille et enterrer les corps des soldats dans les cimetières militaires. Après 1929, il restait dans Paris à peu près mille travailleurs chinois. Mais ils ne se regroupèrent dans ce quartier des Arts et Métiers qu’à la fin de la seconde guerre mondiale quand ils reprirent les appartements et les ateliers de maroquinerie délaissés par les nombreux juifs victimes de la déportation. Même si aujourd’hui les grossistes chinois se sont déplacés massivement à Aubervilliers, de nombreux magasins et restaurants sont encore présents dans tout le secteur, autour des rues du Temple, au Maire, Volta et des Gravilliers.
Lors du Nouvel An chinois, les façades classiques des immeubles sont joliment décorées de lanternes rouges, créant ainsi une curieuse juxtaposition de styles.
Pour cette promenade, je vous propose d’arriver par la ligne 11 et de vous arrêter à la station de métro Arts et Métiers redessinée en 1994 par l’artiste belge de BD, François Schuiten, auteur des Cités Obscures.
Nous passerons devant le Musée des Arts et Métiers, les églises Saint-Martin des Champs et Saint-Nicolas des Champs, nous circulerons dans les rues du Quartier Chinois, puis dans le charmant passage de l'Ancre et nous terminerons par le Marché des Enfants-Rouges avant de retrouver notre point de départ.
Là, nous sommes propulsés dans l’univers du Nautilus des 100 000 lieux sous la mer. Le souterrain revêtu de plaques de cuivre devient sous marin et les immenses rouages suspendus au plafond semblent faire avancer la machine du métro. Les hublots le long des quais dévoilent les quelques curiosités du monde technique exposées au trop méconnu Musée des Arts et Métiers qui raconte l’histoire des machines.
Jules Verne à sa manière était aussi un inventeur; et des machines, il en est fort question aussi dans son Paris au XXème siècle. Il imagina Paris en 1960, soit dans un futur de cent ans lorsqu’il l’écrivit, faisant preuve d’une éblouissante et vertigineuse vision d’un monde très technologique au service de l’argent et totalement déculturé. Il décrit ainsi un instrument capable d’effectuer des calculs compliqués d’amortissements et d’intérêts à tous les taux possibles et d’en fournir instantanément les résultats rien qu’en pressant les touches d’un clavier, très proche de l’ordinateur donc, et assez loin des machines à calculer déjà inventées par Pascal, Perrault et Thomas de Colmar. Toutes ces machines parmi beaucoup d’autres inventions sont présentées dans ce riche et beau musée des Arts et Métiers qui retrace toute l’histoire des techniques.
En sortant du métro, tournons à gauche pour rejoindre la rue Réaumur où se trouve le musée. La maquette de la statue de la Liberté qui accueille le visiteur dans la cour du musée, est de fait un beau symbole des Arts et de la technique, en étant le résultat de la prouesse combinée du sculpteur Bartholdi et de l’ingénieur Gustave Eiffel.
De l’ancien prieuré de Saint-Martin des Champs nationalisé en 1789 et affecté au Conservatoire des Arts et Métiers en 1794, subsiste la très vieille église dans laquelle on peut voir le pendule de Foucault et les avions d’Ader et de Blériot.
Longeons l’église et prenons à gauche la rue Saint-Martin où nous allons trouver une autre église, Saint-Nicolas des Champs.
Saint Nicolas, patron des mariniers était un saint extrêmement populaire au Moyen-âge et la quantité d'églises placées sous sa protection était considérable.
Dans les premières années du XIIème siècle, Saint-Nicolas des Champs n'était encore qu'une chapelle, située alors à la campagne, sur le territoire du monastère de Saint-Martin. L'édifice ensuite agrandi fut complètement rebâti en 1420. Puis pour faire face à la population toujours croissante, les proportions de l'église furent considérablement augmentées au XVIème siècle avec l'ajout de nouvelles constructions.
Dans son état actuel, l'église de Saint-Nicolas des Champs est l’une des plus longues de Paris. Il est un fait que l'église impressionne plus par l'ampleur de son volume que par son architecture, extrêmement simple.
La sobriété de l’église peut aussi s’expliquer par le fait qu'autrefois de hautes maisons encerclaient l'église en ne laissant à découvert qu'une porte percée dans le côté méridional, sur la rue Cunin Gridaine. Cette petite porte à l’harmonieuse élégance fut inspirée d’une entrée de la maison royale des Tournelles, démolie à partir de 1559 et dont Philibert Delorme avait relevé le dessin.
Je me souviens être entrée dans l’église, en pleine semaine vers 12h30. J'avais été très frappée par la ferveur des fidèles, réunis pour la messe quotidienne. Le chant très clair du prêtre s’élevait sous les hautes voûtes de l’église. Dehors, c'était alors jour de la Saint Valentin, les amoureux se bécotaient sur les jardins publics; dans l’église, jour des Saints Méthode et Cyrille, le prêtre expliquait la vie des deux frères consacrant leur vie à évangéliser les peuples slaves.
Si nous comparons avec la photo prise par Atget vers 1898 montrant le côté sud de l'église à l'angle de la rue Saint-Martin et de la rue Cunin Gridaine, il y a peu de changement aujourd'hui : une horloge plus discrète a remplacé l'ancienne, les restes du charnier ont été dégagés et une grille a remplacé la maçonnerie qui les enveloppait.
Nous entrons dans le quartier chinois, composé principalement de la rue au Maire, la rue des Gravilliers, la rue Chapon et la rue Volta.
Le dépaysement est total et curieux. Les nombreuses façades classiques qui nous rappellent que nous sommes au nord du Marais sont toutes bordées de magasins aux enseignes chinoises. La plupart sont des commerces en gros de maroquinerie, bijoux de fantaisie et textile, côtoyant des épiceries et de nombreux restaurants.
Cependant, curieusement le magasin de vêtements photographié par Atget n’a été remplacé, ni par un grossiste en vêtements ni par une superette chinoise. Les mannequins sans tête et les nombreuses attractions se sont envolés laissant un mur gris et sale.
Boutique, 61 rue au Maire
Atget
Nous passons devant la rue Volta où s’élève une maison à colombages à l’allure si médiévale qu’on a longtemps pensé qu’elle était la plus ancienne de Paris. En réalité, la tenancière de ce titre est celle de Nicolas Flamel construite en 1407, située non loin d’ici rue de Montmorency. Elles sont toutes deux sur le parcours de notre (Promenade Paris médiéval rive droite).
Maison Nicolas Flamel
Si vous le pouvez, entrez au n°7 de la rue au Maire où s’ouvre la Cour de Rome, une voie désormais privée qui conduit directement à la rue des Gravilliers. Sinon, prenez à droite la rue des Vertus puis à droite la rue des Gravilliers.
Cour de Rome – Rue des Vertus
Atget - 1901
(BnF)
Sans étymologie avérée, rien ne dit que la prostitution puisse être à l’origine du nom de cette petite rue. Quoi qu’il en soit, j’ai retrouvé dans un excellent livre sur Paris (Paris point du jour de Marc Alyn), ces quelques vers confirmant la pratique autrefois exercée dans ce coin :
Dans la rue des Gravilliers
Elles y sont par milliers,
Dans la rue Pastourelle
Autant de putains que de maquerelles ;
Dans la rue des Vertus
Autant de coupeaux que de cocus
Sur la gauche au n°19, s’ouvre un vieux passage qui mène rue Chapon. Une gigantesque fresque en noir et blanc recouvre la totalité des murs et du plafond dans un fascinant décor de BD, réalisé par l’artiste unSolub en 2015. De curieuses machines volantes inspirées de celles de Gustave Mesmer s’élèvent au dessus d’escaliers labyrinthiques envahis de végétation et de rouages, une porte en pointillée vous incite à franchir la muraille.
Vers la rue Chapon, d’anciens ateliers de mécanique sont aujourd’hui occupés par des galeries qui furent à l’initiative de la fresque.
Nous tournons à droite dans la rue Chapon.
Dans la rue Chapon, au n°13, l’ancien hôtel particulier du début du 17ème siècle abritait au temps d’Atget de multiples artisanats (gravure, photographie, bijouterie) . Son porche, débarrassé aujourd’hui des immenses enseignes qui l’entouraient, laisse voir un beau mascaron de faune.
La cour est très élégante, avec son balcon ouvragé, ses rampes d'escalier en fer forgé et ses ailes latérales percées d’arcades …
Tournons à droite rue Beaubourg puis à gauche rue des Gravilliers.
Je me souviens y avoir vu autrefois la curieuse voiture du rémouleur Marius. Dans son taxi anglais, il parcourait les rues de Paris sur rendez-vous pour affûter couteaux, ciseaux de couturière et ciseaux de coiffeur. Il a maintenant quitté la capitale et a troqué son beau taxi pour une roulotte tirée par un cheval.
Au 70, rue des Gravilliers s’élève le petit hôtel d’Estrées, dont la cour intérieure a retrouvé toute son élégance.
Il fait face à l’hôtel d’Estrées construit par le grand-père de Gabrielle d’Estrées qui y habita. Au fond de la jolie cour de l’hôtel, la terrasse et l’entrée du … Derrière, un restaurant où l'on mange bien et à la déco rigolote.
Tournons à gauche dans la rue de Turbigo et entrons au n° 30 dans le charmant passage de l’Ancre.
Le passage de l'Ancre se situe dans le prolongement du passage de Bourg L’Abbé, que nous avons dernièrement visité lors de notre promenade dans les passages couverts. Mais ici, le passage est plus ancien, il date de 1792, et est à ciel ouvert. Bien qu'ayant très peu de magasins, il ne manque pas de charme.
Il y avait jusqu'en janvier 2021, Pep's le dernier fabricant et réparateur de parapluies à Paname.
Pour se consoler, il y a toujours La Mécanique du Pull, fabricant de pulls éco responsable. Vraiment de la belle ouvrage qui dure. Le créateur est un passionné, issu d’une tradition familiale exercée dans le tricot depuis trois générations. Son grand-père avait ses machines à tisser en plein cœur de Paris, passage Vendôme.
Nous sortons au n°223 de la rue Saint-Martin que nous traversons pour nous engager rue Chapon. Dans tout le quartier il y a de nombreux restaurants chinois pour une pause déjeuner à un excellent rapport qualité/ prix et où l’on peut trouver notamment des pâtes et des crêpes de riz faites maison.
Tournons à droite dans la rue Beaubourg.
Nous passons devant le 62, rue Beaubourg où se trouvait autrefois un couvent de Carmélites fermé à la Révolution pour être remplacé par des immeubles où le petit théâtre Doyen, créé sous la Révolution était aménagé dans les étages. fut aménagé dans les étages.
L’ensemble fut démoli en 1914 et remplacé par une école et un bâtiment administratif, effaçant ainsi la maison du 12, rue Transnonain où eut lieu une sanglante répression en avril 1834. La rue Transnonain n’existe plus avalée par la création de la rue Beaubourg en 1851, achevant ainsi la mise à l’oubli du drame qu’aucun panneau historique ne mentionne.
Le 13 avril 1834, plusieurs émeutes éclatèrent en réaction à plusieurs mesures du gouvernement de Louis-Philippe visant à limiter la liberté d’expressions et à interdire les associations politiques. Dans la nuit du 13 au 14, la centaine d’insurgés de la rue Transnonain fut vite réprimée. Mais alors que le combat semblait terminé, un coup de fusil fut tiré de la maison à l’angle de la rue de Montmorency, déclenchant une véritable tuerie menée par le général Bugeaud, dès lors surnommé le boucher de la rue Transnonain, image très lointaine que celle laissée par la gentille chanson enfantine, la casquette du Père Bugeaud. Les soldats entrèrent dans la maison et massacrèrent tous les habitants, hommes, femmes et enfants. Daumier et Baudelaire ont retracé le drame :
A propos du lamentable massacre de la rue Transnonain, Daumier se montra vraiment grand artiste ; le dessin est devenu assez rare, car il fut saisi et détruit. Ce n’est pas précisément de la caricature, c’est de l’histoire, de la triviale et terrible réalité. — Dans une chambre pauvre et triste, la chambre traditionnelle du prolétaire, aux meubles banals et indispensables, le corps d’un ouvrier nu, en chemise et en bonnet de coton, gît sur le dos, tout de son long, les jambes et les bras écartés. Il y a eu sans doute dans la chambre une grande lutte et un grand tapage, car les chaises sont renversées, ainsi que la table de nuit et le pot de chambre. Sous le poids de son cadavre, le père écrase entre son dos et le carreau le cadavre de son petit enfant. Dans cette mansarde froide il n’y a rien que le silence et la mort. (Ecrits sur l'Art - Baudelaire)
Tournons à gauche dans la rue de Montmorency.
Au n°5, l’hôtel fut occupé par la famille de Montmorency du 13ème siècle à 1632, date de la mort d’Henri II de Montmorency. Il mourut décapité à Toulouse sur ordre de Richelieu, pour avoir appuyé une tentative de soulèvement contre le roi. Il était plus facile de s’en prendre à Montmorency qu’au meneur de l’insurrection, Gaston d’Orléans, le propre frère de Louis XIII. Tous les biens de Montmorency furent confisqués et c’est ainsi que Richelieu récupéra deux statues réalisées par Michel-Ange, l’Esclave Mourant et l’Esclave Rebelle, offertes par Henri II au Connétable Anne de Montmorency.
Ces deux statues sont aujourd’hui au Louvre après leur sauvetage sous la Révolution par Alexandre Lenoir. (voir Hôtel de Massa dans le quartier de Montparnasse).
Une vingtaine d’années plus tard, c’est un nouveau propriétaire célèbre qui y habita : Nicolas Fouquet, dont la femme avait reçu l’hôtel en dot. On connait son histoire : Surintendant des Finances sous Louis XIV, il acquit une fortune considérable et se fit construire le superbe château de Vaux-le-Vicomte, réalisé par ceux qui œuvreront à la réalisation du château de Versailles : l’architecte Louis Le Vau, le peintre Charles Le Brun et le jardinier André Le Nôtre. Louis XIV y fut invité à une fête somptueuse. Le monarque en prit ombrage et le fit arrêter pour avoir détourné l’argent de l’état. Il fut emprisonné à vie dans le donjon de Pignerol.
Par un curieux retour de l’histoire, l’édifice, propriété de l’état depuis 1951, a hébergé l’Ecole Nationale des Impôts jusqu’en 2001 puis à partir de 2002 les services du ministère des Finances …
Hôtel de Montmorency
5, rue de Montmorency
Atget - 1900
(BnF)
Dans cette rue, une belle devanture ancienne …
Tournons à droite dans la rue du Temple, puis à gauche dans la rue des Haudriettes, puis dans la rue des Quatre-Fils.
Nous passons devant le n°24, côté jardin de l’hôtel Guénégaud des Brosses, aujourd’hui musée de la Chasse et de la Nature dont l’entrée se situe au 62, rue des Archives. Construit par François Mansart, l’architecte du château de Maisons-Laffitte, il fut investi dès le milieu du XIXème siècle comme dans tout le Marais par des entreprises commerciales et industrielles. Il fut racheté par la Ville de Paris en 1961 et depuis sa restauration abrite une vaste collection de la Fondation François Sommer.
Au n°20, l’hôtel Le Féron, aussi appelé Hôtel de Brabançois, fut habité entre 1800 et 1828 par Raymond Romain de Sèze, l’un des trois avocats qui défendirent Louis XVI durant son procès. Tâche écrasante et fort risquée, partagée avec Malesherbes et Tronchet. On peut se demander ce qui a manqué à la plaidoirie pour épargner le roi mais on peut aussi s’interroger sur l’issue du vote s’il avait été à bulletin secret. Après l’exécution de Louis XVI, de Sèze fut arrêté et incarcéré à la prison de La Force, puis transféré dans une maison de santé, où il réussit à se faire oublier. Sous Louis XVIII , il devint pair de France et académicien. A sa mort en 1828, son éloge funèbre fut prononcé par Chateaubriand. Malesherbes eut moins de chance, il fut guillotiné comme toute sa famille en avril 1794 Quant à Tronchet, il fut le plus chanceux en arrivant à se cacher et à se faire oublier jusqu’au Directoire.
En 1824, dans le nouveau quartier de la Madeleine trois artères se virent attribuer le nom des trois défenseurs, pour de Sèze, la plus petite mais attribuée de son vivant …
On peut voir à l’intérieur du bâtiment un escalier et son élégante rampe.
Aux n° 16-18, les hôtels furent en partie amputés lors des aménagements urbains de la rue. Au n°18, derrière le mur moderne, on peut encore voir le corps de l’hôtel de le Rebours et son cadran solaire.
L’hôtel au n°16 qui appartint à un fermier général, Gigault de Crisenoy, fut détruit en partie vers 1930 ; toutefois le beau porche a été conservé.
Tournons à gauche dans la rue Charlot
Comme dans le reste du Marais, l’attention est accaparée par les multiples magasins et les galeries. Tant et si bien que l’on peut en oublier de regarder les hôtels particuliers pas toujours bien visibles de la rue … tel au n°7, cet hôtel construit en 1616 sous le règne de Louis XIII et qui a gardé certains éléments de cette époque.
Plus loin, devant la cathédrale arménienne Sainte-Croix Saint-Jean, récemment restaurée, se dresse au n° 8-10, le vieil hôtel de Turmenyes de 1611. Y vécut Maurice Debelleyme, un magistrat très dévoué à la cause de l’ordre public et qui mit en place toute une série de mesures lorsqu’il fut préfet en 1828. L’une d’elles fut d’augmenter le nombre des sergents de ville et de les doter d’un uniforme bleu et d’un bicorne. Paris en a été reconnaissant puisqu’une rue à quelques pas d’ici porte son nom.
Au 35, rue Charlot, entrons dans le marché des Enfants-Rouges, le plus vieux marché couvert de Paris, qui a failli disparaître pour être remplacé par un parking. Heureusement, il a été sauvé et rénové en 2000. Il est toujours agréable de s’y promener, d’y faire le plein de son panier et goûter aux spécialités italiennes et orientales. Ce pittoresque petit marché a été ouvert en 1615 et a pris le nom d’un établissement pour orphelins, fondé par François 1er et sa sœur Marguerite de Navarre. Le surnom donné aux enfants, vêtus de rouge en signe de charité, a subsisté.
Nous sommes ici dans le quartier du Temple, qui m’est très cher. Il me rappelle les sorties avec mon arrière grand-père horloger qui m’y emmenait le jeudi matin, car il n’y avait pas école en ce temps-là. Dans ce quartier traditionnellement spécialisé dans l’horlogerie et l’orfèvrerie, il venait s’y approvisionner en petites pièces pour montres. Nous allions chez Vénot, un magasin tout en longueur, où s’alignaient des meubles en bois avec de petits tiroirs. Les vendeuses en blouse blanche armées d’une petite pince en extrayaient de minuscules rouages qu’elles glissaient dans de petits sachets de papier cristal.
La promenade se terminait dans le jardin du Temple que nous sommes en train de longer sur notre droite.
Aujourd’hui les magasins pour matériel d’horlogerie sont très rares et les nombreux grossistes pour bijouterie sont essentiellement chinois.
Continuons par la rue Réaumur pour rejoindre notre point de départ à la station de métro Arts et Métiers.
Texte / Photos : Martine Combes
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