Faubourg Saint-Germain - 2ème partie

De la rue de Sèvres à l'hôtel des Invalides

Plan Promenade 7ème

Rue de Sèvres

Juste après les magasins de la Grande Epicerie, on peut voir les anciens bâtiments de l’hôpital Laennec dont les services ont été déplacés à l’hôpital Pompidou en 2000. Les anciens bâtiments ont été transformés en habitations privées. On dit que les pierres gardent en mémoire les émotions et les souffrances de ceux qui y vécurent. Je crois qu’effectivement j’aurais du mal à habiter dans un  ancien hôpital où mon grand-père a été hospitalisé vers la fin de sa vie.  Je préfère recevoir ses douces ondes à travers les souvenirs que j’ai de lui et à travers les rues de Paris qu’il connaissait par coeur  …

Ancien hôpital Laennec

De l’autre côté de la rue, la Chapelle Saint-Vincent de Paul mérite que l’on s’y arrête. Cette belle chapelle du 19ème a été édifiée pour recevoir les reliques de Saint-Vincent de Paul protégées de la tourmente révolutionnaire. Une statue de cire recouvrant ses restes intacts donne l’impression très réaliste de le voir reposant paisiblement dans une châsse d’argent, en contraste avec l’image que l’on garde de cet homme au service des pauvres.  Proche des pauvres, il était aussi un proche de la famille royale ; il fut aumônier de la reine Marguerite de Valois et assista Louis XIII à sa mort. Un escalier permet de s’approcher de plus près de la châsse où repose Monsier Vincent.

Chapelle Saint-Vincent de Paul

En face de la Chapelle, près de la station de métro Vanneau de style art déco, la fontaine du Fellah ne manque pas de caractère.

 

Prenons maintenant la rue Vaneau à droite.

Atget Fontaine rue de Sèvres

Fontaine, rue de Sèvres
Atget – 1899
(BnF)

Fontaine du Fellah rue de Sèvres

Rue Vaneau

Au 50, une délicieuse allée bordée de fleurs, autrefois occupée par des artisans, notamment un célèbre bottier. Pas que car les ombres de Malraux et de Françoise Dolto flottent ici autour du centre de relations culturelles franco indien créé grâce à leur appui. Le fondateur Shri Mahesh, maitre indien de yoga a aussi  institué une école de yoga. Cette école toujours en activité depuis les années 1960 continue d’enseigner le plus classique des yogas, le hatha yoga..

Passage 50 rue Vaneau

Revenons à la hauteur du 55, qui par l’impasse Oudinot nous mène dans le délicieux jardin du Potager qui jouxte le nom moins paisible jardin Catherine Labouré.

Jardin du Potager & Jardin Catherine Labouré

Deux jardins qui nous projettent loin de Paris en nous offrant un coin paisible pour une pause sous les arbres fruitiers ou sur les pelouses. La vue très reposante se pose sur un environnement qui respire bon la campagne.

Le jardin potager est à l'arrière de l'ancien hôpital Laennec et s'ouvre sur le jardin Catherine Labouré dont l’atmosphère sereine est celle que dégage souvent les couvents. Celui qui borde le jardin est celui de la Communauté des Filles de la Charité dont nous avons pu voir la chapelle rue du Bac. Le jardin où nous sommes est leur ancien potager et verger. 

Ressortons par la rue de Babylone que nous prenons à gauche. 

Jardin du Potager - impasse Oudinot
Jardin Catherine Labouré

Rue de Babylone

En face de nous, sur le trottoir opposé, c’est la sortie de Matignon côté jardin.

Au n°45, nous passons devant Au pied de fouet. un vieux troquet de quartier bien sympatique.

Jusqu’à présent, le visage offert par le quartier était essentiellement le noble faubourg avec ses anciens hôtels particuliers occupés par des ministères et des ambassades et ses nombreux lieux saints … En nous approchant de l’hôtel des Invalides, nous commençons à voir une présence également militaire, telle que cette caserne de la Garde Républicaine installée dans un ensemble d’immeubles en briques typique des années 1930. 


Nous arrivons au 57, rue de Baylone (titre éponyme d’un roman d’Alix de Saint-André qui raconte la vie du Home Pasteur et de ceux qui ont fréquenté cette pension tout contre le cinéma la Pagode). Ce plus vieux cinéma Art et Essai de Paris est en cours de rénovation, laquelle a suscité bien des émotions. En 1896, Morin, directeur du Bon Marché et propriétaire de l’hôtel particulier au 57 avait fait construire un ravissant temple japonais pour sa femme. Après avoir sombré dans l’oubli, la Pagode faillit être rachetée par la légation de Chine qui voulait en faire un salon de réception jusqu’à l’horrible découverte de fresques de batailles remportées par les Japonais, leurs ennemis héréditaires.  C’est en 1931 que la Pagode fut transformée en cinéma où furent projetées les premières œuvres de Bunuel, Renoir et Cocteau, puis trente ans ans plus tard les films de la Nouvelle Vague. Quand le cinéma ferma en 2015, Il y eut de multiples pétitions et de batailles. Le bâtiment classé a été finalement vendu à l'américain Charles Cohen, féru de cinéma mais promoteur. Le petit jardin japonais qui faisait salon de thé aux beaux jours a été complètement rasé, le gingko et le hêtre doublement pleureur arrachés  pour l’aménagement de  nouvelles salles … on nous promet que tout va être recréé à l’identique. Affaire à suivre donc …

Hôtel des Invalides

Continuons par la rue de Babylone jusqu’à l’avenue de Villars et remontons vers l’hôtel des Invalides au célèbre dôme doré sous lequel repose le non moins célèbre Napoléon. Au passage, l’église de Saint-François Xavier mérite que l’on s’y arrête.

Remontons l’avenue de Villars jusqu’à la place Vauban et entrons dans l’hôtel des Invalides que nous pouvons  parcourir sans billet d’entrée (sont payants les accés aux différents musées et au Dôme).   

Hotel des Invalides - Dôme

Cet Impressionnant bâtiment construit par Louis XIV était destiné à accueillir tous les invalides de guerre, à des conditions très strictes : avoir au moins dix ans de service, être hors d’état de se battre, respecter une discipline quasi monacale et repartir en campagne dès que remis sur pied. L’institution continue à soigner aujourd’hui de grands blessés de guerre ainsi que les victimes de guerre et d’attentats, comme celui du 13 novembre.

Le dôme des Invalides était initialement l’église Royale uniquement réservée au roi tandis que les soldats pénétraient par l’entrée de l’église Saint-Louis des Invalides. L’église Saint-Louis ne formait alors qu’un seul ensemble,  l’église des soldats étant la nef et le Dôme le chœur d’où le roi assistait aux messes. Une verrière à l’arrière de l’autel isole la nef de l’église du dôme désormais panthéon militaire. Une  crypte fut spécialement aménagée pour abriter l’énorme tombeau en quartzite rouge où repose Napoéon.

L’hôtel des Invalides abrite le vaste musée de l’armée qui expose toute l’ingéniosité humaine dévelopée au fil du temps pour mieux se défendre et aussi mieux zigouiller son semblable.

Entrons dans l’église Saint-Louis des Invalides. La belle nef unique et très claire est décorée des drapeaux pris à l’ennemi depuis 1814.  

Eglise Saint-Louis des Invalides - drapeaux

Nous traversons maintenant la grande cour d’honneur – Parmi les différentes lucarnes aux motifs militaires, vous noterez sur la droite la lucarne dite de Louvois, qui en tant que ministre de la guerre a participé à la construction de l’hôtel des Invalides. Elle est surmontée d’une tête de loup car le « loup voit ». 

Cour d'Honneur - Hôtel des Invalides
Lucarne Louvois - Cour d'Honneur Invalides

Nous sortons par le splendide porche central dont le fronton représente Louis XIV en habit de Romain.

Hotel des Invalides - Porche Louis XIV
Atget Hôtel des Invalides

Invalides - Grille
Atget – 1921
(Getty Museum)

Hôtel des Invalides Grille

En plein Paris, la présence des nombreux lapins gambadant joyeusement autour des énormes ifs et de leurs terriers creusés dans les pelouses des Invalides est d'autant plus incongrue sur un terrain militaire. En sortant cet été de la passionnante expo sur les épouvantables guerres de Religion ayant  déchiré la France au XVIe siècle et qui ne manque pas de soulever des questions très contemporaines, la vue de ces petits lapins m’avait procuré un peu de réconfort : ainsi les hommes peuvent s’étriper jusqu’à la fin des temps, il y aura toujours des petits lapins naïfs en plein Paris, comme dans un décor de la Dame à la Licorne ou d’un livre pour enfants.

Lapins pelouses Invalides

Ce peut-être la fin de cette deuxième partie, surtout si l’on souhaite prendre du temps pour visiter le Dôme et les musées des Invalides.

C’est de toute façon le point de départ de la troisième et dernière partie, dans le quartier du Gros Caillou.

Texte / Photos : Martine Combes

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