Hora fugit - Un peu de Paris
Du quai des Célestins, rejoignons le pont Marie. Quand j’étais gamine, je croyais que son nom lié à la proximité de Notre-Dame de Paris était celui de la mère de Jésus représentée pour moi un peu plus loin sur le pont de la Tournelle. Mais ici, c’est l’architecte de l’ïle Saint-Louis que l’on salue ici. Entre 1614 et 1643, l’entrepreneur Christophe Marie fut chargé du lotissement de l’île restée inhabitée jusque là. Il procéda à la fusion des deux ilots séparés par le chenal à travers lequel passait autrefois la chaîne de fer, tendue la nuit pour la défense de Paris. Puis il entama la construction des quais en commençant par le quai d’Anjou.
Ici, nous ne faisons que traverser l’ïle qui vaut à elle seule une promenade.
Par la bien nommée rue des deux-ponts, nous rejoignons le pont de la Tournelle. La patronne de Paris, Sainte-Geneviève, droite et rigide sous sa longue cape de pierre se dresse haut au dessus du pont. Son sculpteur, Paul Landowski, qui oeuvra au Christ de Rio de Janeiro, se désolait dit-on de son œuvre, qu’il aurait de plus souhaité orientée vers Notre-Dame. Moi, je la trouve bien là où elle est, représentée en fière protectrice de sa cité et tournée face aux invasions barbares des Huns venant de l’est.
Dans le prolongement du pont, nous prenons la rue du Cardinal Lemoine dans l’axe que suivait l’enceinte.
Nous arrivons au niveau de la rue des Ecoles où s’ouvrait la porte Saint-Victor du nom de l’abbaye royale, fondée en 1113. Cette abbaye, en dehors de l’enceinte occupait un vaste espace occupé aujourd’hui par la faculté de Jussieu et l’Institut du Monde Arabe.
Restons rue du Cardinal Lemoine jusqu’à la rue André Lartigue à droite où se trouvent deux belles portions de mur; l’une à la Bibliothèque des Littératures Policières et l’autre à l’arrière de la caserne des pompiers.
Revenons rue Cardinal Lemoine jusqu’à la rue Clovis. Le mur que l’on voit depuis la rue dans sa largeur apparait un peu plus haut qu’il n’était. Ceci est dû à une reprise du mur en sous oeuvre lors du percement de la rue Clovis. On peut entrer dans l’immeuble au 7, rue Clovis et ainsi voir une belle portion du mur qui longe la cour intérieure.
La pente naturelle de la colline fut considérablement adoucie lors du percement de la rue Clovis. On s’en fera une idée en regardant la façade de l’ancien Collège des Ecossais en face au 65, rue Cardinal Lemoine. Au premier étage, au dessus du porche d’entrée, ce n’est pas une fenêtre à proprement parler, mais bel et bien l’ancienne porte!
Arrêtons-nous un peu plus loin au salon de thé Ninon, offrant une bonne palette de douceurs sucrées et salées, ainsi qu’une belle vue sur un vestige de muraille bien restaurée, elle aussi…
Prenons devant nous à droite la rue Thouin. Après avoir passé le n°14, retournez-vous pour observer la forme curieuse et étroite de l’immeuble, due à la présence de la muraille à son revers.
Après la place Emmanuel Levinas, nous continuons par la rue de l’Estrapade, parrallèle au tracé extérieur de l’enceinte. Passés la rue d’Ulm et l’arrière du Panthéon, nous arrivons place de l’Estrapade, endroit aujourd'hui paisible qui fait oublier le lieu de l'horrible supplice qu’il était autrefois. Nous poursuivons par la rue des Fossés Saint-Jacques où au bout de la rue, au niveau du Port Salut, nous pourrons remarquer l’ancienne inscription de la rue gravée dans la pierre.
Prenons la rue Saint-Jacques à droite. Un peu plus loin au n° 172, une plaque rappelle l’existence de la porte Saint-Jacques qui se situait au croisement de la rue avec la rue Soufflot, elle-même ouverte parallèlement au mur Philippe Auguste.
Par la rue Soufflot à gauche, nous rejoignons la rue Monsieur-le-Prince tracée sur l’ancien fossé qui longeait l’extérieur de l’enceinte.
Traversons le boulevard Saint-Germain pour entrer dans la cour du Commerce Saint-André. Une imposante tour Philippe Auguste qui a conservé des meurtrières est visible dans le restaurant au n°4.
Restons dans le passage et continuons jusqu’à la rue Saint-André des Arts pour rejoindre la rue de Buci à gauche puis la rue Mazarine. Avant que le parking ne devienne privé donc fermé au public, on pouvait y voir d’imposants vestiges sur les deux niveaux. Dans le charmant passage Dauphine, un reste de tour est aussi visible dans l’école Médisup. Prenons la rue Guénégaud à droite, autrefois coupée par l’enceinte au niveau du n°25.
Tournons à gauche quai de Conti où l’enceinte se terminait à la tour de Nesle, au niveau du pavillon Mazarine du Palais de l’Institut.
C’est à l’emplacement de la tour de Nesle, lieu d’orgies sanglantes selon de tenaces légendes que l’institut fut édifié selon le désir de Mazarin. La gravure de Jacques Callot réalisée vers 1630 montre la tour de Nesle en ruine où l’enceinte se terminait et d’où pouvait être tirée une grosse chaîne en travers de la Seine jusqu’au Louvre.
La tour sera démolie vers 1680 pour l’édification par Le Vau du Collège des Quatre Nations et de la Bibliothèque léguée par Mazarin, aujourd’hui Palais de l’Institut et Bibliothèque Mazarine.
Texte / Photos : Martine Combes
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