Hora fugit - Un peu de Paris
Puisque nous sommes avenue Foch, la tentation est grande de continuer à tricher et de passer par l'avenue des Champs-Elysées et l'avenue Matignon ...
D’ordinaire, je fais tout pour éviter les Champs Elysées, que ce soit en voiture ou à pied.
On dit d’elle que c’est la plus belle avenue du monde. Ce le fut très certainement autrefois lorsque bordée d’hôtels partculiers, elle était empruntée par les calèches rejoignant le bois de Boulogne.
Son tracé depuis le Louvre ne manque pas de majesté ; il fut esquissé au départ par Le Nôtre à travers une zone de marécages et de bois. L’avenue commenca à être un lieu à la mode après la révolution, sous le Directoire.
Pour son monumental Arc de Triomphe, Napoléon, après avoir hésité entre plusieurs autres lieux parisiens, opta finalement pour la place de l’Etoile. Ce n’est qu’après de longs travaux difficiles et des arrêts de plusieurs années liés aux aléas de l’Histoire que le monument sera finalement achevé trente ans plus tard en 1836 sous Louis-Philippe. L’avenue deviendra alors lieu de commémorations, de célèbrations et de défilés militaires en commençant par l’impressionnant cortège qui ramèna de Sainte-Hélène les cendres de l’Empereur. Depuis 1919, le Soldat Inconnu repose sous la voûte devant laquelle une flamme éternelle est ravivée chaque soir.
C’est sous le second empire que les Champs-Elysées connurent leur apogée avec la construction de somptueux hôtels particuliers, tous détruits par la vague de démolition des années 1960-70. L’hôtel de la Päiva au n°25 est le seul a avoir été épargné. Commandé par l’une des plus célèbres demi-mondaines de l’époque, devenue la marquise de la Päiva, l’hôtel fut fréquenté par les gloires littéraires d’alors : Théophile Gautier, Sainte-Beuve, les Goncourt. Aujourd’hui ce sont les marques à la mode qui l’investissent.
Au vingtième siècle, les immeubles commerciaux remplacèrent les hôtels particuliers, l’avenue devint un lieu de sortie avec de nouveaux restaurants, des galeries commerçantes et des salles de cinéma. En 1994, les Champs-Elysées se refont une beauté et de belles rangées de platanes viennent remplacer les contre allées occupées alors par les voitures en mal de stationnement. Le changement continue avec la disparition des salles de cinéma liée à la baisse de fréquentation et des hausses de loyers exhorbitants. L’avenue désormais délaissée par les Parisiens n’est essentiellement fréquentée que par les touristes et les banlieusards attirés par son image de luxe un peu clinquante.
Prenons à droite la rue de Ponthieu et à gauche l’avenue Matignon.
Case bien recherchée du Monopoly car c'est la case de la gagne ! On peut tricher car la triche est à l’image de l’origine de l’avenue ; j’ai lu qu’un 1775 un proprétaire qui cherchait à bâtir ses terrains fit prolonger en toute illégalité l’avenue Montaigne à la rue du Faubourg Saint-Honoré par cette nouvelle voie.
Faubourg Saint-Honoré - 2 cases (seulement ....) après avenue Henri-Martin ... mais beaucoup de rues à travers les deux quartiers résidentiels des 16ème et 8ème.
Au bout de l'avenue Matignon, tournons à droite dans la rue du Faubourg Saint-Honoré, où se trouvent les plus grands noms de la haute couture et le palais de l’Elysée.
Nous arrivons place Beauvau du nom de l'hôtel bâti en 1770 et où siège le ministère de l’intérieur.
Un peu plus loin au n°55, le Palais de l’Elysée, résidence officielle des présidents de la République depuis 1877.
Bâti en 1720, il fut acheté par la marquise de Pompadour, peut être incitée par un bon placement financier avec la création à cette époque de la place Louis XV (aujourd’hui place de la Concorde).
Il eut ensuite une succession de prestigieux propriétaires: Louis XV, Napoléon, Louis XVIII, Louis-Napoléon qui en fit le siège de la Présidence. Chaque année il est un des sites les plus visités pendant les journées du Patrimoine.
Puis c'est une succession de beaux hôtels particuliers pour la plupart abritant des ambassades et des institutions.
C’est aussi une succession des plus grands noms de la haute couture et de la mode.
Besoin d'une petite pause technique ? Les toilettes Art Nouveau de la Madeleine sont à gauche en sortant de l'église ...
Nous arrivons Boulevard des Capucines, dont j'adorais le nom enfant car il m’évoquait la fleur et la célèbre ronde Dansons la Capucine. Plus sérieusement le boulevard doit son nom à un ancien couvent de capucines.
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Le boulevard des Capucines, fait partie des grands boulevards tant en vogue à la fin du XIXème siècle notamment avec leurs nombreux théâtres qui attiraient toute la vie parisienne.
Au 28, le célèbre music-hall l’Olympia où chaque vedette rêve de voir son nom en rouge sur la cèlèbre façade !
Au 35, l’ancien atelier du photographe Nadar dont il ne reste plus que la verrière et la porte d’entrée, toujours de rouge, la couleur fétiche du photographe. Démoli en 1993, il a retrouvé vie grâce à une dernière exposition du musée d’Orsay doublée d’un visite en réalité virtuelle assez bluffante.
De la photo passons au cinéma des frères Lumière dont la première projection payante eut lieu dans le salon indien du Grand Café, aujourd’hui le Café Lumière de l’hôtel Scribe au 14 boulevard des Capucines.
La prestigieuse rue de la Paix est la plus chère du plateau de jeu. On y trouve de grandes maisons de joaillerie, comme Cartier, Van Cleef & Arpels, Poiray, Mellerio ... Pour pondérer ce déluge de luxe, on peut toujours se fredonner la chanson rue de la paix de Zazie …
Si l’on est prêt à poursuivre le jeu, la promenade se poursuit pour un deuxième tour de plateau par la rue de Courcelles puisque nous avais fait 9 aux dés ...
Texte / Photos : Martine Combes
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